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Construction d’un Paiement pour Service Environnemental « Légumes » : partenariat réussi !

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Elus Morlaix Communauté, Syndicat Mixte de l’Horn, Lannion Trégor Communauté et Chambre d’Agriculture

Afin d’accompagner les transitions et rémunérer les services rendus par les agriculteurs, 3 collectivités territoriales et la Chambre d’Agriculture ont répondu à un appel à projet de l’Agence de l’eau Loire Bretagne : présentation de la démarche et des résultats.

 

Le PSE Légumes

Ce dispositif expérimental vise à accompagner l’absence d’usage des herbicides en cultures légumières, ainsi qu’à réduire les risques d’érosion inter et intra parcellaires par l’adaptation des pratiques culturales, et le renforcement des aménagements bocagers.

Il est déployé sur sous-bassins versants tests, sur les territoires de Lannion Trégor Communauté, Morlaix Communauté et le Syndicat Mixte de l’Horn.

Un travail issu d’une collaboration entre Chambre d’Agriculture et collectivités

Fort du partenariat en place, Chambre d’Agriculture et collectivités ont unis leur volonté et expertise afin de co-construire ce PSE, rare outil adapté aux spécificités légumières de ces territoires. Ce travail engagé depuis 2020, a permis d’aboutir en 2022 à l’engagement de 51 exploitations.

Retrouvez ci-après l’interview d’Eric LE CREURER, président président du bassin versant du Jaudy Guindy Bizien et conseiller délégué à l'économie agricole et l'agro-écologie à Lannion-Trégor Communauté.

Une mobilisation des producteurs

Les producteurs des sous bassins versants concernés, ont massivement répondus présents.

Ce sont ainsi quelques

  • 1467 ha de légumes qui sont aujourd’hui engagés dans une conduite « zéro herbicides »,
  • 1717 ha sur lesquels les pratiques seront adaptées afin de réduire la création de chemins de l’eau (installation d’effaces-traces…),
  • 675 ha où des aménagements bocagers seront mis en place.

Une enveloppe budgétaire de 1 698 000 euros, de l’Agence de l’eau Loire Bretagne, est ainsi prévue sur les 5 années d’engagement dans ce dispositif. Cette somme accompagne la transition mais aussi le maintien des pratiques mises en place par les producteurs.

Le versement annuel des aides étant conditionné à la mise en œuvre effective des actions.

Et après ?

Aujourd’hui recentré sur quelques territoires, l’élargissement à la Bretagne permettrait de proposer aux producteurs légumiers, un dispositif adapté à leur spécificité, lorsque nombre de mesures sont essentiellement adaptées aux élevages. Elargissement qui bien entendu serait conditionné à la disponibilité d’une enveloppe financière conséquente.

PSE publics et PSE privés

Le présent dispositif est un dispositif sur fond public. Il est également possible de pour des acteurs privés de porter des PSE.

De plus en plus d’entreprises privées souhaitent agir pour l’environnement : pourquoi ne pas le faire localement tout en confortant les agriculteurs dans leur activité et dans leur rôle de gestionnaire des territoires bretons? Pour y répondre, ceux-ci se sont structurés en association, en 2018. Alli’Homme, a pour ambition de faciliter le maintien et le déploiement des services environnementaux dans les espaces agricoles et forestiers en Bretagne en déployant des partenariats innovants et volontaires avec les agriculteurs dans le cadre de PSE privés..

 

Interview d’Eric LE CREURER, président du bassin versant du Jaudy Guindy Bizien et conseiller délégué à l'économie agricole et l'agro-écologie à Lannion-Trégor Communauté

M Le Creurer, quelles sont les motivations qui ont conduit votre collectivité à se lancer dans l’expérimentation du dispositif PSE ?

Le principe du « Paiement pour Services Environnementaux » testé de manière expérimentale est de rémunérer les agriculteurs qui modifient leurs pratiques agricoles induisant un bénéfice environnemental substantiel et souhaitable dans l’intérêt général du territoire. C’est donc un service à la société connexe à l’acte de production de denrées alimentaires qui vise à être rémunéré, ce qui en fait une approche novatrice.

Notre territoire présente par endroits des fragilités environnementales telles que les bassins versants des petits ruisseaux côtiers et plus particulièrement celui du Lizildry (une des 4 zones « test ») avec des problématiques d’érosion et de qualité de l’eau dégradée (présence de molécules d’herbicides notamment). Cela nous préoccupe compte tenu de la fragilité naturelle du milieu et de la cohabitation de différentes activités (production d’eau potable, ostréiculture, pisciculture...).

Tester ce nouveau dispositif PSE sur ce bassin versant légumier était donc pour nous plus que pertinent : Rémunérer et reconnaitre les efforts que vont réaliser des agriculteurs qui remplacent l’utilisation d’herbicides par du désherbage mécanique plus fastidieux, et mettent en place des moyens de luttes contre l’érosion.

La construction de ce projet de PSE légumes a démarré en 2020 dans le cadre d’un appel à projet de l’Agence de l’eau, quel bilan tirez-vous de ces 2 années de travail ?

Le principe fondamental de fonctionnement du bassin versant est de travailler avec tous les acteurs locaux de manière collaborative et consensuelle pour construire ensemble les actions à mener qui seront basées sur le volontariat. La construction de ce PSE, a dans ce sens été une réussite exemplaire. C’est le résultat de 2 années de travail fructueux et d’une collaboration professionnelle intense avec la Chambre d’agriculture de Bretagne et les deux autres collectivités partenaires qui testent également ce dispositif (Morlaix Communauté et le Syndicat mixte de l’Horn). L’Agence de l’eau Loire-Bretagne est également un partenaire clé dans ce dispositif car au-delà d’accompagner les structures porteuses dans la mise en œuvre du dispositif, elle assure également l’intégralité des rémunérations aux exploitants (1,6 M€).

Cette co-construction du PSE Légumes démontre aussi la pertinence de confier aux acteurs locaux l’élaboration d’outils d’accompagnement de la transition agro-écologique. Ainsi, en fonction des problématiques, des contraintes et attentes locales, des actions adaptées et efficaces sont construites avec l’adhésion des agriculteurs. Cette méthode est la clé de la réussite.

La phase de contractualisation s’est terminée en avril dernier, une cinquantaine d’agriculteurs se sont engagés volontairement, quelles sont selon vous, les perspectives, les suites à donner à ce type de dispositif ?

Tout d’abord, il faut souligner l’adhésion massive des agriculteurs dans le dispositif PSE, au-delà de nos attentes. Sur la zone « test » du Lizildry, 85 % des surfaces en choux-fleurs engagées dans le PSE seront conduites sans herbicide à l’issue des 5 années de contractualisation (près de 500 hectares).

Ajouté à cela, un fort taux de conversion à l’agriculture biologique sur ce même territoire qui ne fait qu’illustrer la volonté des agriculteurs de s’engager dans cette transition agro-écologique pour produire de manière durable en respectant l’environnement.

L’exemple de la production de légumes bio est éloquent et constitue un vrai paradoxe : au moment même où les citoyens pointent la nécessiter de mieux protéger l’environnement, l’achat de denrées alimentaires bio, en particulier les légumes, baisse de manière significative entrainant l’effondrement du marché !

Financer les efforts réalisés par les agriculteurs pour protéger l’environnement par un meilleur prix de vente de leurs productions durables et de qualité sera difficile, surtout compte tenu de l’évolution inquiétante du contexte économique à venir pour les ménages.

Par ailleurs, les différents services que peut rendre l’agriculture à la société sont à considérer comme des missions connexes à celle de nourrir et elles sont nombreuses : Protéger la qualité de l’eau, des milieux aquatiques, la biodiversité, nos paysages, stocker du carbone, préserver l’air, le climat…

Il est primordial d’appréhender une vraie reconnaissance et valorisation de l’ensemble de ces rôles et enjeux autour de l’agriculture.

De fait, les PSE sont des outils innovants et adaptés qui permettront de développer, rémunérer et reconnaitre ces services dans l’intérêt de tous, avec des actions locales adaptées. Différents financements seront cohérents à mobiliser, qu’ils soient publics ou privés, et se justifieront par des gains en matière de qualité de notre environnement et territoire, mais aussi par une amélioration de la santé publique, une réduction des coûts induits par les pollutions. Mieux vaut dépenser pour prévenir que pour guérir.

A notre échelle locale, pouvoir étendre ce « PSE légumes » à l’ensemble de la zone légumière serait souhaitable. De manière plus générale, même si depuis 30 ans, de gros efforts et progrès ont été réalisés par la profession agricole locale, avec des résultats probants et reconnus des autres territoires français, l’accompagnement financier de cette transition agro-écologique doit être à la hauteur de nos enjeux et ambitions. Nous devrons solliciter et mettre en œuvre plusieurs leviers tels que : les MAEC, les aides financières aux investissements, l’accompagnement de groupes pour développer des initiatives collectives…

Une agriculture durable est une agriculture qui produit en préservant les ressources, qui permet aux agriculteurs de vivre et de s’épanouir de leur métier en adéquation avec la société.

 

Contacts

Anthony BRULE - Responsable de l’équipe légumes et cultures spécialisées

02 98 69 17 46 - anthony.brule@bretagne.chambagri.fr

Dominique LOUBERE - Cheffe du service environnement

dominique.loubere@bretagne.chambagri.fr

 

Photo : élus de Morlaix Communauté, du Syndicat Mixte de l’Horn, de Lannion Trégor Communauté et de la Chambre d’Agriculture sur l’exploitation de l’un des producteurs engagés.

 

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