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Qualité de l’air et phytosanitaires en Bretagne

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Depuis 2005 Air Breizh, réalise des mesures de résidus de produits phytopharmaceutiques dans l’air.  Ces analyses permettent de documenter la présence de ces résidus dans l’air ambiant. Afin de déterminer si ces résidus, s’expliquent, ou non, par les pratiques locales de protection des cultures, la Chambre d’Agriculture mène une étude sur le site périurbain de Mordelles.

L’étude en cours sur le site de Mordelles

Le travail engagé par la Chambre d’agriculture de Bretagne depuis 2016 vise donc à confronter les résultats des mesures réalisées par Air Breizh aux pratiques agricoles locales de protection des cultures, afin de mieux comprendre les mécanismes de transfert de ces résidus vers l’air, et d’établir des préconisations pour les limiter.

Ces travaux (*), actuellement au stade exploratoire, constituent d’ores et déjà un outil de sensibilisation des agriculteurs sur l’impact de leurs pratiques, mais aussi d’appropriation de cette problématique pour les autres acteurs du territoire qui peuvent légitimement s’interroger sur le sujet.

Ils permettent, en particulier de classer les molécules dans 4 catégories :

  • Molécules appliquées et détectées durant la période d’application
  • Molécules appliquées et détectées au-delà de la période d’application
  • Molécules appliquées, recherchées mais jamais détectées
  • Molécule non appliquée mais détectée, ce qui montre que la diffusion dans le compartiment aérien peut se faire sur des distances de plusieurs kilomètres

(*) les travaux ne concernent pas les risques sanitaires, ne relevant pas de la compétence de la Chambre d’agriculture de Bretagne

12 substances détectées, pas toujours liées aux usages locaux

En 2023, grâce à un financement du Plan Régional Santé Environnement, une prospection basée sur le volontariat a été réalisée auprès de 21 exploitations situées à proximité du capteur de Mordelles pour recueillir leurs pratiques phytosanitaires sur l’année 2021 et 2022.

Ce site a été retenu car les pratiques phytosanitaires mises en oeuvre sont représentatives d’une partie des activités agricoles de la région Bretagne. De plus, l’antériorité et la pérennité des mesures réalisées par Air Breizh sur ce site permettent de disposer de données consolidées.

Sur les 76 substances utilisées sur la zone d’étude, 12 ont fait l’objet d’au moins une quantification dans le compartiment aérien. Certaines substances utilisées sur la zone d’étude ne sont jamais détectées et à l’inverse d’autres non utilisées sont quantifiées.

Les concentrations les plus élevées (> 1ng/m³) concernent uniquement des herbicides. Les fréquences de détections et les concentrations les plus fortes concernent les produits utilisés à l’automne, en prélevée des céréales. Les herbicides de prélevée du maïs appliqués au printemps sont également fréquemment détectés mais à des niveaux de concentrations beaucoup plus faibles. Les caractéristiques des molécules jouent un rôle prépondérant dans leur mode de dispersion.

La proportionnalité doses d’application et quantité mesurée dans l’air n’a pas été démontrée. Une même molécule pourrait se comporter différemment en fonction des conditions pédoclimatiques suivant l’application. Des substances utilisées sur de grandes surfaces et à des quantités tout aussi importantes peuvent être mesurées dans faibles quantités.  On considère que leur propagation se fait uniquement lors de leur application, par dérive aérienne. Les conditions de pulvérisation peuvent  jouer un rôle dans la dispersion dans l’air puisque toutes les applications ne font pas l’objet de détection.

Certaines molécules non appliquées présentent des fréquences de détection importantes à Mordelles. À l’instar de celles détectées dans les grands centres urbains (Paris ou Rennes). Ces dernières peuvent donc être persistantes et se déplacer au-delà du rayon d’étude de 3 km.

Les enquêtes ont montré des pratiques diverses en matière de recours aux produits phytosanitaires. En effet, certains leviers pour réduire la dissémination aérienne par les produits phytosanitaires sont déjà mis en œuvre sur le secteur, soit par l’optimisation de leur usage (adjuvants…) ou soit par une substitution de leur usage (binage, biocontrôle). Au regard des enquêtes, des marges de manœuvre semblent encore possibles pour amplifier ces leviers.

Poursuivre l’amélioration des connaissances et développer le dialogue entre acteurs

Les premiers résultats de cette enquête confirment le potentiel de ce territoire pour améliorer les connaissances sur les pratiques phytosanitaires. Ils ont par ailleurs conduit Air Breizh à entamer un travail de révision de la liste des substances analysées pour améliorer la connaissance sur ce sujet.

L’objectif est désormais de pérenniser ces études sur une période pluriannuelle avec 4 axes de travail :

  • L’observation, dans le temps, des substances détectées dans l’air mais aussi dans les sols et dans l’eau, ainsi que le suivi des ventes et des usages par les agriculteurs
  • La conception et l’évaluation de bonnes pratiques limitant les risques de transfert
  • La prise en compte du compartiment “air” dans l’évaluation des pratiques de protection des cultures (programme Ecophyto)
  • Le dialogue entre acteurs (scientifiques, profession agricole, décideurs locaux, citoyens…) autour des pratiques de protection des cultures et de leurs impacts

Pour aller plus loin :

 

Mesures réalisées par Air Breizh

 

Travaux de l’ANSES sur l’évaluation du risque sanitaire lié aux pesticides dans l’air extérieur


Charlotte QUENARD, Chargée de mission environnement – qualité de l’air -

charlotte.quenard@remove-this.bretagne.chambagri.fr